Pic de pollution : les professionnels déplorent l'interdiction des poids lourds
Les poids lourds de plus de 3,5 tonnes ont été interdits le 17 mars 2014 jusqu'à minuit dans Paris et la petite couronne, dans le cadre du dispositif de circulation alternée. Une mesure critiquée par les professionnels du transport.
Paris et la petite couronne sont passées à la circulation alternée le lundi 17 mars 2014, pour tenter d'enrayer le phénomène de pollution de l'air qui sévissait depuis environ une semaine. Compte tenu de l'amélioration de la situation, le gouvernement n'a pas reconduit la mesure pour le mardi 18 mars. Mais en attendant, ce dispositif a perturbé l'activité des professionnels du transport.
En effet, la circulation de tous les poids lourds de plus de 3,5 tonnes était interdite, sauf dérogations prévues par l’arrêté inter-préfectoral du 27 octobre 2011. Pour la FNTR (Fédération nationale des transports routiers), l'impact économique d'une telle mesure sur les entreprises de transport, notamment d’Ile-de-France, "est important tant en termes de perte de chiffres d'affaire que de désorganisation des plans de transport".
La fédération estime d'autre part que les conditions de mise en oeuvre de la mesure d’interdiction de circuler pour les poids lourds appelaient "un certain nombre de critiques".
Manque d'anticipation
La FNTR déplore tout d'abord un manque d'anticipation. "Alors que le phénomène de pollution était identifié depuis près d’une semaine, la mesure n’a pas été anticipée par les pouvoirs publics. Les entreprises de transport ont eu à peine 24 heures pour se préparer à l'échéance. Conséquence : aucune information massive n'a pu être mise en place et la désorganisation est conséquente ce lundi dans les entreprises de transport".
Pour la fédération, la précipitation a d'ailleurs également compliqué la tâche des corps de contrôle "qui peinaient à distinguer les véhicules relevant effectivement de la liste des dérogations aux interdictions de circulation prévues par l'arrêté".
"Une réglementation inique et inadaptée"
La FNTR revendique par ailleurs une révision de la liste des dérogations "au terme de l'épisode d'aujourd'hui et du retour d'expérience des entreprises".
"Force est de constater aujourd'hui que les entreprises qui ont investi dans du matériel performant d'un point de vue environnemental sont autant pénalisées que les autres", regrette la FNTR. Un constat corroboré par le témoignage du transporteur Deret, qui dénonçait dans un communiqué publié le 17 mars "une réglementation inique et inadaptée".
Pour ses activités de distribution urbaine, cette entreprise a investi depuis 2009 dans des camions électriques et depuis 2013 dans des poids lourds hybrides. "100% des livraisons d'Ile-de-France sont assurées en camions électriques et hybrides. 25 poids lourds électriques et 8 poids lourds hybrides" y sont consacrés, précise le groupe Deret.
Mais à l'inverse de ce qui se passe pour les véhicules légers, la liste des dérogations pour les poids lourds est uniquement basée sur la nature du service (véhicules d'approvisionnement de marchés, de commerces d’alimentation, de cafés et restaurants, livraisons de denrées périssables, véhicules frigorifiques, camions-citernes…), et non sur la motorisation.
Quand aux véhicules utilitaires légers, pas toujours très vertueux écologiquement parlant, ils ne sont pas concernés par les restrictions de circulation, quelle que soit leur motorisation.
"En matière de développement durable, la circulation utilitaire ne peut pas être traitée à l'identique de la circulation des voitures particulières. La circulation utilitaire, compte tenu des enjeux économiques associés et de son rôle d'intérêt général, mérite une approche globale, de long terme et concertée avec les entreprises", conclut la FNTR.
Source: WK Transports